ICARE – COMPAGNIE COUP DE POKER
DE GUILLAUME BARBOT
Durée : 55 minutes
Écriture et mise en scène : Guillaume Barbot
Avec : Yannik Landrein (le père), Clemence de Felice (Icare), Alice Trocellier (musicienne)
Dramaturgie et collaboration à l’écriture : Agathe Peyrard
Création musicale et création sonore : Les Ombres – Margaux Blanchard et Sylvain Sartre avec le concours de la maitrise de l’IRVEM
Création vidéo – Magie : Clément Debailleul avec l’aide de Romain Lalire
et Antoine Meissier, Phillipe Beau (ombromanie)
Regard chorégraphique : Johan Bichot
Scénographie et dessins : Benjamin Lebreton
Lumières : Nicolas Faucheux, Costumes : Aude Desigaux
Construction décor : Atelier des Couteaux Suisse (Bretagne)
L’ARGUMENT
Le jour de la rentrée, un copain demande à Icare, 4 ans et demi, s’il est cap de sauter du muret dans la cour de récréation. Parce qu’il a en tête les recommandations de son père, il n’ose pas faire le grand saut. Le soir venu, il raconte à son papa les moqueries de ses camarades. Icare se rend compte qu’il n’est cap de rien : de sauter du muret parce que c’est trop haut, de mettre la table parce que les couteaux ça coupe, de demander à Ariane si elle veut jouer avec lui parce qu’il est trop timide… Il décide alors de grandir. De prendre enfin des risques, malgré les inquiétudes paternelles. Et dès le lendemain, il osera. Il sautera, tant bien que mal. Et c’est à partir de cet instant que sa vie va basculer…
À chaque nouvelle initiative, à chaque nouvelle prise de risque, à chaque pas vers l’autonomie et la liberté, des ailes pousseront dans son dos…Démarre alors une aventure hors du commun : Comment vivre avec des ailes ? Comment trouver son équilibre quand on grandit ? Comment les cacher à son père, à celui qui incarne l’autorité ? Et s’il n’était pas le seul à vivre cette expérience incroyable ?
Le père, lui, est en train de terminer la construction de leur maison. Le toit est encore troué et un orage approche. Il lui reste quatre jours pour tout réparer. Accaparé par ce compte à rebours, il ne voit pas son fils grandir d’un coup avec ses ailes un peu trop grandes…
Dans cette quête identitaire, Icare aura le courage de ses désirs : c’est en chutant qu’il apprendra à grandir. Et son père comprendra, dans le labyrinthe qu’est la paternité, que protéger son fils, c’est trouver le cadre juste pour oser laisser son enfant voler de ses propres ailes.
LE MYTHE DE DEDALE ET ICARE |
Le mythe de Dédale et Icare, notamment raconté dans les Métamorphoses d’Ovide, a inspiré de nombreux tableaux et films. Il relate comment l’ingénieux Dédale a tenté de fuir le Labyrinthe en fabriquant des ailes pour lui-même et son fils. Mais l’imprudent Icare s’approcha trop près du soleil et tomba dans la mer.
Dans la mythologie grecque, Dédale est présenté comme un inventeur et un architecte ; il est reconnu comme le plus éminent mortel parmi les artisans et les inventeurs. Icare est le fils de Dédale et d’une esclave crétoise, Naupacté.
Membre de la famille royale d’Athènes, Dédale fut obligé de quitter la cité après avoir tué son cousin Perdix. Il trouva refuge en Crète et se mit au service du roi Minos et de sa famille. Il fabriqua pour la reine Pasiphaé (qui était tombée amoureuse du taureau de Poséidon) une vache en bois revêtue de cuir afin de lui permettre de s’accoupler avec l’animal. De cette union naquit le Minotaure, un monstre à la tête de taureau et au corps d’homme.
Épouvanté par ce fils monstrueux, Minos demanda à Dédale de concevoir une prison pour l’y enfermer à tout jamais : le Labyrinthe.
Par la suite, Dédale montra à Ariane comment sortir du Labyrinthe, et celle-ci aida Thésée avant de fuir avec lui. Furieux, Minos emprisonna Dédale et son fils Icare dans le Labyrinthe : c’est là que commence le mythe de Dédale et Icare…
Le récit raconte que Dédale eut l’idée de s’enfuir par la voie des airs, car il ne pouvait retrouver son chemin dans le Labyrinthe. Il récupéra des plumes d’oiseaux et s’en servit pour fabriquer deux paires d’ailes, qu’il fixa avec de la cire à ses épaules et à celles de son fils.
Avant de prendre leur envol, Dédale recommanda à Icare de ne pas s’élever trop haut, car la cire pourrait fondre à la chaleur du soleil. Mais l’imprudent Icare oublia la mise en garde de son père et monta de plus en plus haut. Ses ailes se détachèrent et il tomba dans la mer, qui porte désormais son nom : la mer Icarienne.
Dédale poursuivit sa route sans accident et atterrit en Sicile, où il fut accueilli par le roi Cocalos.
NOTE DRAMATURGIQUE |
À la croisée du conte et du vraisemblable, Icare met en scène une lecture inédite du mythe éponyme : celle de l’éloge du risque. L’histoire contemporaine d’Icare est matinée de l’univers du mythe. Tous deux, chacun dans leur sphère propre – vraisemblable et fictionnelle – cherchent à défier le père et les interdits. Trouver sa place dans le monde et dans leur relation demande au fils comme au père un véritable travail d’équilibriste…
C’est cette notion d’équilibre – entre ciel et terre, entre fiction et réalité, entre gémellité et séparation – que cultive le spectacle. Deux ans avant l’âge de raison, les enfants peuvent faire preuve de déraison : c’est exactement ce que le père d’Icare lui reproche. Il n’a de cesse de vouloir sauter plus haut, plus loin. Et plus le père a peur, plus Icare veut ce qui lui est interdit…
Le récit vient remuer des terreurs primaires, instinctives : celles de la blessure et de l’abandon. « Tu vas te faire mal » sonne pour l’enfant comme un avertissement lointain et dérisoire, et pour le père comme une prophétie auto-réalisatrice. Le père voudrait éviter à son enfant l’expérience du traumatisme, tandis que le fils brûle de faire le grand saut – et donc potentiellement de se blesser… Le spectacle pose in fine la question suivante : peut-on prendre des risques tout en étant prudent ?
Paradoxalement, en tentant de mettre son fils à l’abri, le père l’empêche de faire ses propres expériences et le met ainsi en danger, car celui-ci n’est plus en mesure de peser le pour et le contre. Icare a soif d’indépendance, il voudrait se débarrasser du carcan parental. Comment trouver un juste milieu dans une relation ?
Par l’entremise du conte, le spectacle prend des allures de récit initiatique, tant pour le père que pour le fils : tous deux se reconnaissent dans les figures de Dédale et d’Icare. Ces doubles fictionnels les mèneront au conflit, faute d’accepter les limites de leurs propres désirs. C’est en faisant l’expérience de cette histoire violente, crue, universelle qu’ils pourront, à leur manière, répondre à la question : faut-il se construire avec ou contre les autres ?
Loin de tout didactisme, l’histoire d’Icare pourrait se résumer, pour les enfants comme pour les adultes, en ces quelques mots :
« Si tu veux apprendre à voler, apprends à chuter. »
L’ENSEMBLE MUSICAL LES OMBRES |
L’ensemble musical Les Ombres, co-dirigé par la violiste Margaux Blanchard et le flûtiste Sylvain Sartre, se distingue dans le paysage baroque d’aujourd’hui.
C’est la diversité des rencontres qui les mène à explorer différentes formations, du trio à l’orchestre de chambre, dans le cadre de créations scéniques réunissant solistes, comédiens et danseurs autour d’œuvres opératiques méconnues. Leurs spectacles, à l’atmosphère unique, allient jeux de scène et subtiles variations de lumière, projetant ainsi dans l’espace toute la poésie de la musique.
Pour autant, leur travail reste fidèle à la pratique instrumentale dite « historiquement informée », s’inscrivant dans la lignée musicale des pionniers du baroque. Formés à la Schola Cantorum Basiliensis de Bâle, Les Ombres mènent parallèlement à leur carrière d’interprètes des recherches sur le rayonnement de la musique française à travers l’Europe et participent à la redécouverte de chefs-d’œuvre oubliés des XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles.
Leurs productions sont jouées sur les scènes de prestigieuses maisons d’opéra et de festivals internationaux (La Folle Journée, Ambronay, Freunde Alter Musik Basel, York, Utrecht, Tokyo…). Leurs enregistrements sont salués par la critique : 4F (ffff) de Télérama, Choc de Classica, Qobuzissime, Coup de cœur du Jardin des critiques de France Musique, Supersonic Pizzicato… Les Ombres enregistrent Couperin, Marais, Blamont, Telemann et Haendel sous les labels Ambronay Éditions et Mirare.
L’ensemble bénéficie du soutien de la DRAC et de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée. Il est en résidence au Centre culturel de rencontre d’Ambronay, dans le cadre du dispositif de résidences croisées mis en place sur l’ensemble du territoire français par le Centre de musique baroque de Versailles.
Enfin, Les Ombres sont artistes associées à la Fondation Singer-Polignac et en résidence aux Nuits Musicales d’Uzès.
LA COMPAGNIE COUP DE POKER |
Formé comme acteur à l’École Supérieure d’Art Dramatique (ESAD), Guillaume Barbot fonde la compagnie Coup de Poker en 2005 en Seine-et-Marne.
Après L’évasion de Kamo de Daniel Pennac (plus de 120 représentations), Guillaume Barbot crée plusieurs spectacles marquants :
Club 27 (Maison des Métallos, Théâtre Paris Villette, TGP à Saint-Denis / Prix du Club de la Presse à Avignon), Nuit, d’après La Nuit du Chasseur (Prix des lycéens Festival Impatience 2015 au Théâtre National de La Colline), Histoire vraie d’un punk converti à Trenet (plus de 120 représentations), On a fort mal dormi, d’après Les Naufragés de Patrick Declerck (Théâtre du Rond-Point…), AMOUR, Heroe(s), en création collective avec Philippe Awat et Victor Gauthier-Martin (Théâtre de la Cité Internationale).
En 2019, il présente Anguille sous roche d’Ali Zamir (TGP, Tarmac), suivi en 2020 de Alabama Song de Gilles Leroy, venant compléter le diptyque « Portraits de femme ».
Chaque création de la compagnie s’appuie sur un texte non dramatique, visant un théâtre de sensation qui donne à penser, mêlant théâtre et musique. Dans cette démarche, Guillaume Barbot s’entoure fidèlement d’artistes pour créer ensemble un théâtre populaire, engagé, festif et sensoriel, abordant des sujets de société avec poésie et humanité.
Ses spectacles sont des portraits croisés, où la musicalité de la langue, le swing, le rapport direct au public et la rencontre au présent constituent les moteurs principaux.