Fracasse

Mise en scène : Jean-Christophe Hembert
Adaptation : Jean-Christophe Hembert, Loïc Varraut
Collaboration artistique : Aurélia Dury, Loïc Varraut
Assistante mise en scène : Sarah Chovelon

Distribution :
Luc Tramblais : Blazius
Bruno Bayeux : Matamore/Duc de Vallombreuse
Jean-Alexandre Blanchet : Marquis de Bruyères
Jacques Chambon : Pierre/Chirriguirri
Caroline Cons : Marquise de Bruyères
Thomas Cousseau : Baron de Sigognac
Aurélia Dury : Isabelle
Eddy Letexier : Lampourde
Véronique Sacri : Zerbine
Vincent Schmitt : Hérode
Loïc Varraut : Léandre


Décor :
Fanny Gamet, Jean-Christophe Hembert, Seymour Laval
Accessoires :
Fanny Gamet
Costumes et masques :
Mina Ly
Lumières :
Seymour Laval
Musique et création son :
Clément Mirguet
Maquillage, coiffures :
Roxane Bruneton
Régie générale :
Tommy Boisseau
Construction décor :
Robert Goulier, Fanny Gamet
Chargée de production :
Manon Borot-Bossot
Production :
Roma Production

Création : Juin 2020 pour les Fêtes Nocturnes du Château de Grignan

Coproduction : Les Châteaux de la Drôme ; Théâtre de Carouge-Genève ;
Groupe Barrière ; Les Célestins-Théâtre de Lyon ; L’Espace des Arts-Scène Nationale
de Chalon-sur-Saône ; Le Volcan – Scène Nationale du Havre ; Le Montansier-
Versailles ; La Ferme du Buisson-Scène Nationale de Marne la Vallée.

 




Flamberge au vent !


Un roman au souffle shakespearien
Entre l’annonce de sa parution et sa publication en feuilleton, Théophile Gautier a
mis presque trente ans à écrire Le Capitaine Fracasse.

Cette fabrication longue et douloureuse va donner à l’oeuvre une chair dense, riche,
complexe et hétérogène.

Au fur et à mesure des pages, le lecteur est saisi par de nombreux paradoxes :

– Les souffles hugolien et shakespearien de ce roman à la fois noir et lumineux,
sombre et joyeux. Deux auteurs dont Gautier est un très grand admirateur.

– Une histoire épique se déroulant dans un XVIIème siècle héroïque, avec des
personnages de commedia dell’arte à l’introspection et aux états d’âmes freudien.

– L’élan premier du jeune auteur romantique, épris de fantaisie et de gaieté, et le
poids de vie d’un homme de cinquante ans. L’histoire a gardé son souffle vital et
enjoué mais les personnages sont cabossés et profonds. Ils portent des fulgurances
existentielles que Gautier n’aurait pas écrit étant jeune. Comme Shakespeare dans ses
dernières pièces, il ne s’embarrasse plus de vraisemblance dans l’intrigue et les
personnages. Ce qui l’intéresse, c’est la vérité poétique. Celle qui parle du coeur même
du réel. Comme le dramaturge anglais, il mêle avec virtuosité bouffonnerie et
mélancolie noire.

– La déclaration d’amour pour le théâtre à travers la chronique de la vie d’une troupe
d’acteurs. Gautier a été en première ligne lors de la bataille d’Hernani. Il aime
profondément cet art à une époque où une pièce de théâtre pouvait être un enjeu de
dispute nationale.

– L’exceptionnelle maîtrise de la langue française qui s’est affirmée pendant les années
de critique littéraire de Gautier. Celui que Baudelaire appelait « le parfait magicien ès
lettres françaises » ou que certains qualifiaient de « Eugène Delacroix du style » nous
émerveille par son langage jouissif, la richesse de ses dialogues, sa poésie, ses
fulgurances, sa truculence et sa puissance d’évocation.

La naissance d’un super-héros, la renaissance d’un homme
L’intrigue principale nous parle de la renaissance du baron de Sigognac. Prisonnier
de l’héritage familial, de ses codes et de ses principes, il dépérit dans son château en
ruine, en passant à côté de son existence. Lorsqu’un inattendu souffle de vie, porté par
une troupe de théâtre, va le réanimer. En acceptant de se déclasser pour rejoindre ces
acteurs errants, il va faire renaître les forces de vies en lui. Il découvre alors son
identité profonde en devenant le « Capitaine Fracasse », un « super-héros » à la fois
noble et grotesque, nouveau défenseur d’une vision comique et poétique du monde.

Enchanter un monde sombre
Le XVIIème siècle est une époque sombre et violente. Être acteur, c’est mener une
vie de « crève-la-faim ». Les artistes sont des proies faciles dans un monde sauvage :
harcèlement du Duc de Vallombreuse subi par Isabelle, dont elle ne peut se défendre
car il est noble et qu’elle est comédienne ; passage à tabac de Léandre par les hommes
de main du Marquis de Bruyères ; contrat passé sur la tête de Sigognac…
Il s’agit donc de créditer la dureté et la noirceur de cet univers.
Ainsi, le choix du Baron de Sigognac, de famille noble, de rejoindre cette pauvre
troupe de comédiens apparaît comme un gigantesque saut dans le vide.
L’humour, la truculence et l’héroïsme de ces personnages explosent, comme dans un
tableau de Rembrandt : la lumière des forces de vie étincelle au milieu de la noirceur.
Grâce à leur langage jouissif, ces comédiens enchantent le monde qui les entoure.
L’éloquence et le panache sont des remparts pour tenir à distance la violence des
forces de mort.

La foi dans le théâtre
J’ai appris le théâtre en travaillant sur de grands spectacles avec Roger Planchon,
Laurent Pelly et Bruno Boëglin ; et en montant moi-même des pièces de Manfred
Karge, d’Edward Bond et de William Shakespeare. Après avoir utilisé pendant quinze
ans, au cinéma ou à la télévision, l’artisanat théâtral acquis au plateau auprès des
acteurs, ce Fracasse, bouillonnant d’inattendu et d’enchantement me donne envie de
recréer, de réinventer ce genre de spectacle épique, populaire, exigeant et généreux, et
de faire, « flamberge au vent », ma déclaration d’amour et de foi absolue dans le
théâtre !

Jean-Christophe Hembert


Metteur en scène, Jean-Christophe Hembert se forme en travaillant et collaborant très jeune et pendant plusieurs années auprès des grands metteurs en scènes du théâtre subventionné : Jean Lambert-Wild, Bruno Boëglin, Laurent Pelly et Roger Planchon.
Il met en scène dans le même temps « Barbe bleue » de Georg Trackl, « La conquête du Pôle Sud » de Manfred Karge, « Timon d’Athènes » de Shakespeare, ainsi que « Mardi » et « Jackets » d’Edward Bond, avec lequel il entretient un dialogue épistolaire pendant de longs mois.
En 2002, il rencontre Alexandre Astier, qu’il accompagnera par la suite dans toutes ses créations : acteur et directeur artistique de la série télévisée « Kaamelott », producteur exécutif du long-métrage « David et Mme Hansen », metteur en scène des spectacles « Que ma joie demeure » -Prix du jeune théâtre de l’Académie Française- et « L’Exoconférence ». Il emmènera ces spectacles de la salle Jean Tardieu du Théâtre du Rond-Point (176 places) à l’Accor Hôtel Arena (12 000 places).
Quels que soient les auteurs qu’il met en scène, le travail de Jean-Christophe Hembert interroge sans cesse la puissance de l’imaginaire comme unique lieu de résistance aux forces obscures du monde. Ses spectacles révèlent à chaque fois son amour profond pour la scène de théâtre, dernier endroit de poésie, de naïveté et d’enthousiasme brut. Bien que mu par une très grande sensibilité, il est un chef de troupe, toujours attiré par des projets populaires et d’aventure collective. En 2018, il décide d’adapter et de mettre en scène le roman de Théophile Gautier : « Le Capitaine Fracasse ».

 


Théophile Gautier

Né à Tarbes en 1811, Théophile Gautier s’installe à Paris dès l’âge de 3 ans.
Malgré son jeune âge, il éprouve déjà une forte nostalgie et s’acclimate difficilement à son environnement urbain.
« Robinson Crusoé » et la découverte du théâtre, ses deux premières grandes passions, accompagnent très tôt ses rêves de voyages et d’aventure. En 1827, Victor Hugo publie la préface de « Cromwell ».
Ce premier grand manifeste romantique, rompant violemment avec les dogmes esthétiques classiques, est pour Gautier une révélation. De ses propres mots, cette préface « rayonne à ses yeux comme les tables de la loi sur le Sinaï ». Gautier restera toute sa vie un admirateur farouche des oeuvres de Victor Hugo, comme de celles de Goethe, de Shakespeare et de Dante.
D’abord poète, Gautier officie ensuite comme journaliste et critique d’art. Il écrit pour toutes les revues où il est alors possible d’écrire, tout en continuant sa production de romans, de poésie et de théâtre. Il gardera de son expérience de journaliste une écriture souple, impeccable, brillante, et le goût du feuilletonnant.
C’est en décembre 1861 que « Le Capitaine Fracasse » commence à être publié, sous forme de feuilleton, à La Revue Nationale. Il y paraîtra jusqu’en juin 1863. Dans ce laps de temps, Gautier aura été élu Président de la Société Nationale des Beaux- Arts, en 1862. Il meurt en 1872.

Ne s’étant jamais livré, à la manière de certains romantiques, sur ce qui l’habitait intimement, l’oeuvre de Théophile Gautier, sous ses apparences aimables, laisse sans doute imaginer un désespoir plus profond. Il estimait lui-même que « la bouffonnerie et la mélancolie noire » constituaient ses deux originalités essentielles.


Biographies Équipe :

Fanny Gamet (Décor et accessoires)
Diplômée des Beaux-Arts et de l’ENSATT, où elle obtient le diplôme de scénographe décoratrice en 2001, elle réalise les scénographies des spectacles de Gilles Chavassieux, Laurent Verceletto, Roger Planchon, Julie Brochen et Jean-Christophe Hembert. Depuis 2007, elle collabore au TNP en tant que scénographe sous la direction du metteur en scène et directeur Christian Schiaretti, pour une quinzaine de créations, sur des oeuvres allant de Molière, Shakespeare, Hugo, Strindberg à Jean-Pierre Siméon, Aimée Césaire, Denis Guénoun. Elle travaille régulièrement avec l’atelier de construction des décors de l’Opéra de Lyon, Les Tréteaux de France, et l’Atelier Lyrique de Tourcoing. Fanny Gamet crée le décor et les accessoires de Fracasse.

Seymour Laval (Décor et Lumières)
Enfant de la balle, il est né et a grandi sur les scènes de théâtre, dans les spectacles de Bruno Boëglin. Il se forme à l’IGTS ainsi qu’à l’Espace Malraux de Chambéry, mais c’est en tournée qu’il apprend les lumières et le plateau, aux côtés de figures talentueuses telles qu’André Diot, Yves Bernard, Christian Fenouillat et  Robert Goulier. Très vite, il conçoit conjointement les scénographies et les lumières des spectacles de Bruno Boëglin, Jean-Paul Delore, Yves Charreton et Jean-Christophe Hembert.
Il entame en 2008 une collaboration avec le metteur en scène Emmanuel Meirieu, avec lequel il réalise 7 créations, dont Les Naufragés, toujours en tournée.
Il travaille à la télévision et au cinéma avec le réalisateur Alexandre Astier, pour lequel il réalise les décors du film David et Mme Hansen.
Seymour Laval crée les lumières et le décor de Fracasse.

Mina Ly (Costumes et masques)
D’origine coréenne, elle se forme à l’université de Séoul et à l’Institut Marangoni de Milan. Elle parcourt tous les domaines de la mode et de l’illustration en Italie, en France et en Belgique avant d’aboutir dans le domaine du costume.
Ses collaborations artistiques sont liées à de nombreux artistes tels que John Malkovich, Bernard Sobel, Stephane Hillel, Martin Haselboeck, Philippe Calvario, Fatou Traoré, Catherine Dreyfus, Stéphanie Loik, Armel Roussel, Stéphane Boko, Pierre Nouvel.
Ses créations sont présentées au Shakespeare Theatre Company à Washington, à l’Opéra Bastille à Paris, l’Opéra Halle en Allemagne, l’Opéra Baluarte en Espagne, l’Opéra National de Corée du sud, le Théâtre National de Strasbourg, le Centre National des arts de Cirque (CNAC), le Théâtre d’Almada au Portugal…
Au cinéma, elle travaille pour des réalisateurs comme Cédric Masérati, Fred Brival et Jaco Van Dormael. Elle est coordinatrice pour le Festival International de Performance de Busan, en Corée du Sud, depuis septembre 2012. Elle collabore aussi à de nombreux ateliers du Conservatoire National Supérieur de Paris (CNSAD).
Mina Ly crée les costumes de Fracasse.

Clément Mirguet (Musique et création son)
Musicien, compositeur et producteur français, il est diplômé de la Music Academy Internationale de Nancy. Il compose, réalise et produit deux albums sous le nom d’Orchester entre 2008 et 2013, lauréat du tremplin Le Mans Cité Chanson.
Compositeur pour la Piccola Familia de Thomas Jolly, avec lequel il crée une dizaine de spectacles, dont Henry VI -18h au Festival d’Avignon et Molière 2015- et Thyeste, création pour la Cour d’Honneur du Palais des Papes 2018, avec la participation de la maitrise populaire de l’Opéra-comique de Paris.
Il compose également la musique du Radeau de la méduse de Georg Kaiser pour les élèves du TNS, et d’Océan Mer, roman d’Alessandro Barrico mis en scène par Amélie Chalmey. En 2018 sort le film Aland, long métrage de Thomas Germaine, pour lequel il signe la musique originale.
Il sort en 2019 l’album M, premier album solo, instrumental et mélancolique.
Clément Mirguet compose la musique originale de Fracasse.